" Et J'ai toujours pas ma Guiitare ... " [PV TØM]

Tom flânait dans les rues de Fairies city, à la recherche d'une activité quelconque. En fait, il s'ennuyait un peu, alors il aurait été prêt à n'importe quelle distraction pour échapper à l'inaction. Il observait la vitrine de l'animalerie quand un bourdonnement dans sa tête se fit entendre. "Va à la cabane !" disait-il sans discontinuer, comme un vieux CD qu'on tournerait en repeat. Agacé, Tom commença par essayer de chasser cette petite voix, sans y parvenir. Il pestait intérieurement ; à quoi lui servait son espèce de pouvoir télépathique s'il ne pouvait pas virer les étrangers qui se baladaient dans sa tête ? Et en plus qui lui disaient d'aller dans un endroit qu'il ne connaissait même pas, faute d'y avoir jamais été ! Néanmoins, sans qu'il comprenne comment, ses jambes l'y emmenèrent d'elles-même. Il ronchonna et puis se décida à entrer. Après tout, il ne risquait rien.
Pourtant, dès qu'il ferma la porte il sut qu'il n'aurait JAMAIS dû venir ici. Parce qu'il ne craignait pas les agressions physiques, mais passer du temps avec Enrique c'était bien pire. Et celui-ci se tenait devant lui. Mécontent mais pas impoli, Tom grogna :

-Lut Enrique ...

Quand il vit Enrique s'éloigner sans même lui accorder un regard alors qu'il lui avait dit bonjour, Tom vit rouge. Enfin non, il n'était pas daltonien, mais il envisagea sérieusement de faire sauter la tête d'Enrique de ses épaules ! Croyait-il que ça l'enchantait de se retrouver dans le même endroit que lui ? De devoir lui PARLER ? Certainement pas ! Sauf que si ça embêtait Enrique aussi, ben ça lui allait très bien. C'est pour ça qu'il décida de le suivre. Non mais !
Il fut surpris de se retrouver ... Tiens où est-ce qu'il se trouvait d'ailleurs ? Aucune idée ... C'était bizarre ... Un moment plus tôt il était à Fariies, et là il se retrouvait dans un endroit inconnu. Il lâcha un soupir et s'adressa à Enrique :

-On est où là ?

Il ne l'avait pas agressé, mais sa voix était chargée de non contentement, comme si Enrique était responsable de ce nouveau changement. De toute façon, Enrique était responsable de TOUTES ses misères d'après Tom !

C'était quoi cette question de merde complètement agressive et déplacée ? Bien sûr, que Tom n'écoutait JAMAIS en histoire. Mais quel rapport hein ? Même s'il écoutait, il n'aurait sans doute jamais entendu parler du 'chez moi' d'Enrique. Bah ouais, sa vallée tropicale était pas aussi connue qu'il avait l'air de le penser. Tss tss ...
Après avoir dit sa petite remarque agréable, Enrique continua de marcher sans même se soucier de lui. D'ailleurs, il pensa tellement fort à le tuer que Tom l'entendit sans même chercher à écouter ses pensées. Comme il partageait l'aversion qu'ils se portaient l'un à l'autre, il ne s'en formalisa pas. Et il continua de le suivre, parce que apparemment, ça l'embêtait énormément. Il vit Enrique saluer une petite bonne femme et ... Se faire ignorer superbement. Il retint le fou rire qui menaçait de l'emporter et lâcha, avec une voix moqueuse et impertinente :

-Ils sont chÂrmants les gens ici ...

Il jeta ensuite un coup d'oeil à la maison qu'Enrique fixait béatement. Ben quoi ... C'était juste une maison !

Tom se sentait absolument OUTRE de la façon dont se comportait Enrique ! Lui dire ta gueule, et en plus le pousser, comme s'il n'était qu'un vulgaire toss avec trois tonnes de gel sur les cheveux et un bandana horrible ! Non mais ... C'est pas comme si il se prenait pour le pirate des caraïbes LUI !
Bref, il suivit Enrique, très décidé à le faire CHIER vu qu'il était désagréable. Il l'observa saluer sa ... Petite soeur ? Ouais ça devait être ça, parce que même si Enrique aimait les femmes, il avait pas une tête à être pédophile. Nouveau vent. Ca devait être une coutume ici de pas se dire bonjour. Comme les Bordelais qui se disent Adieu : complètement débile ! Il le suivit ensuite et vit son comportement limite désespéré avec sa mère. Son regard s'attarda sur ses mains qui passaient à travers elle. Mais bordel, qu'est-ce qui se passait ??

-Putain Enrique ... On dirait qu'on est ... Des fantômes, lâcha Tom avec un air inquiet.

Tom soupira. C'est vrai qu'Enrique soulevait des arguments valables. Après tout, ils pouvaient toucher des objets, ils se sentaient très vivants, ils avaient des ailes ... Autant de choses que ne fait pas un fantôme! Et pourtant, il fallait se rendre à l'évidence, les proches d'Enrique ne le voyaient pas ! Certes, cela pouvait passer pour de la non amabilité, mais pas à ce point-là ! Et puis les mains d'Enrique avait TRAVERSE sa mère ! Il frissona, priant pour qu'Enrique soit simplement victime d'une malédiction qui ne le touchait pas lui. Pourtant, il en doutait. Et si c'était Fairies qui était maudite ? Tom n'en savait rien, il nageait au milieu des suppositions, et ça l'énervait au plus haut point ! En plus, il devait admettre qu'Enrique avait raison : leurs pouvoirs ne servaient à rien ! Quoi que ... N'était-il pas en train d'apprendre à communiquer avec les gens par la pensée ? Et si ça marchait après tout ? Enfin il savait pas le faire de toute façon ...

-A rien, souffla Tom. Nos pouvoirs ne servent à RIEN.

Tom assista à la scène avec ... Inquiétude. Bon, Enrique n'était peut-être pas le garçon le plus gentil qu'il ait jamais rencontré, pour être franc c'était le plus con et et le plus désagréable, mais même à ses pires ennemis on ne souhaite pas une chose pareille ! Oublié par sa famille ... C'est bien la pire chose qui puisse jamais arriver à qui que ce soit. Et puis, Tom n'était pas animé que par des sentiments altruistes il faut dire. Si c'était arrivé à Enrique ... Pourquoi ne se serait-il pas passé la même chose pour lui ? Imaginez que sa soeur ne se souvienne même pas de son existence ? Il en mourrait sur le coup, il en était persuadé !
Il regarda Enrique continuer de s'agiter et il fut surpris par l'ingéniosité d'Enrique. Puet-être n'était-il pas complètement stupide ? Néanmoins, toutes ses tentatives restaient vaines ... N'y avait-il donc aucun moyen de contacter leurs proches ?
Quand il vit la photo, et surtout l'absence d'Enrique de celle-ci, il n'eut même pas le courage de lui sortir une vacherie. Il ne voulait pas en rajouter, Enrique devait être suffisamment ébranlé comme ça. Il se contenta de murmurer :

-Bordel ... On est dans la merde jusqu'au cou !

Tom soupira. Alors que la seule chose qui lui manquait jusque ici c'était sa famille, il se sentait soudain ... Très effrayé par la perspective de les revoir. Du moins dans les mêmes circonstances qu'Enrique ! Ne pas communiquer aurait été terrible, mais alors qu'il est été complètement rayé de leur vie serait bien pire !

-Je sais pas ... J'espère pas. Allons-y, on verra bien.

Bon, maintenant qu'il avait accepté, parce qu'il se demandait quand même comment vivait sa famille depuis qu'il était parti, il allait falloir y aller. Oui, mais comment ? Almuñecar, c'est pas la porte à côté par rapport à Marseille ! Et puis, ils s'étaient retrouvés ici tellement subitement ... Ca se trouve c'était pareil pour sa ville à lui ? Tom soupira et fit demi-tour pour sortir de la ville et repartir vers la cabane. Et c'est là qu'il se rendit compte d'un petit problème ... OU était la cabane déjà ?

Tom le regarda essayer d'ouvrir la porte avec l'espoir qu'elle le laisserait sortir. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Il allait devoir supporter Enrique quelques minutes de plus (en espérant qu'elles ne se transforment pas en heures).
Il fit le même trajet qu'Enrique la première fois, sauf que cette fois, ce furent des odeurs de poissons frais (mais qui puent quand même) qui les accueillirent sur le vieux port de Marseille. Tom sentit son visage s'éclairer d'un grand sourire. Dieu qu'il aimait sa ville ! Il se promena sur le Vieux port, remonta la Cannebière (en travaux, of course), et prit quelques ruelles avant d'arriver devant une grand maison.
Il poussa précautionneusement la porte et entra. La lumière entrait à flot et innondait le salon de sa clarté rassurante. Tom s'assit d'abord sur le canapé, tout en observant avec délice son chez lui, puis il se leva pour aller effleurer les touches du piano de sa mère, sans qu'il fasse de bruit. Il n'en fut d'ailleurs pas étonné mais il ressentit quand même un pincement au coeur. Et si sa famille avait réagit comme celle d'Enrique ... Qu'allait-il faire ?

Il passa son chemin et monta dans sa chambre. Quand il poussa la porte, il s'arrêta net sur le seuil de la pièce. Ce n'était PAS sa chambre. La pièce possédait bien un lit, un bureau et même une guitare, mais rien de tout cela n'était à lui ! Ne pouvant supporter cette vision davantage de temps, il ressortit imméditament en claquant la porte derrière lui. D'un pas résolu, il se dirigea vers la chambre de sa soeur. Ce qu'il y vit lui donna la nausée, une fois de plus. Elle n'était pas seule. En réalité, elle était dans les bras de son meilleur ami, celui qui avait promis de ne jamais la toucher. De rage, il donna un coup de poing dans la porte, sans la faire bouger pour autant.
Il tourna les talons et redescendit les escaliers. Il avait beau s'y attendre, il encaissait terriblement mal le choc. Pire, il ne l'encaissait pas du tout. Il n'avait qu'une envie, c'était de pleurer, lui pourtant si fier. Il allait sortir de la maisons quand la porte de l'entrée s'ouvrit à toute volée. Un gamin de quelques années entra en courant et se précipita dans la cuisine où sa mère se trouvait. Et tout en se dépêchant, il criait 'maman, maman !' Tom eut un haut le coeur. Depuis quand il avait un peit frère ? Et qu'est-ce que c'était que cette histoire encore ?

J'arrive, j'arrive ^^

-Moi non plus ... Souffla Tom sans jeter un seul regard à Enrique.

De toute façon, s'il l'avait regarder, ce dernier aurait pu voir les larmes qui perlaient au coin de ses yeux, et il aurait préféré mourir plutôt que de subir une humiliation pareille.
Il suivit l'enfant dans la cuisine et le regarda se jeter dans les bras de sa mère. De SA mère. La SIENNE. Pas celle de ce morveux qu'il n'avait jamais vu de sa vie ! Pourtant sa mère répondit à son étreinte, lui ébouriffant les cheveux comme elle le lui avait toujours fait, même lorsqu'il était âgé d'une quinzaine d'années. Ce geste fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, il tourna les talons et sortit de la pièce le plus rapidement possible. Il continua son chemin pour sortir de la maison, se retenant de courir. Il ne voulait qu'une chose, partir. Le plus rapidement possible. Et surtout le plus loin de cet endroit maudit. Maintenant, il n'avait plus qu'une envie, c'était de vomir. Vomir pour se débarasser de ce qui encombrait son estomac. Vomir en espérant que ce qu'il venait de voir partirait en même temps que son repas de midi.

L'image du petit garçon tournait dans l'esprit de Tom, comme un film passé en boucle ou une chanson en mode repeat. Pourtant, il aurait aimé la voir disparaître, afin de gommer du même coup toute la détresse qu'avait suscité cette vision, mais tous ses efforts de penser à autre chose restèrent vains.
Espérant se changer les idées, il se glissa dans l'esprit d'Enrique. Ce qu'il y vit l'interloqua tellement qu'il se demanda si ce dernier n'avait pas perdu la tête. Il ne put s'empêcher de pouffer de rire, tant la vision d'ENrique en collants bleus était dérisoire.

-Je ne pense pas non plus que l'on soit des élus destinés à porter des collants, glissa-t-il.

Tom eut un léger sourire devant l'incompréhension d'Enrique. Ce mec était trop fort ... Sa connerie était telle qu'elle lui remontait le moral même dans un moment pareil. Si ce n'était pas un miracle ça ! Enfin, ce n'était pas pour autant qu'il allait se mettre à apprécier ce type.
A l'idée d'Enrique, il haussa un sourcil. Il avait vu beaucoup de facette de lui, mais se pourrait-il qu'il ait aussi un côté naïf ? Ou alors il refusait la réalité qui s'étalait pourtant sous leurs yeux. Tom opta pour la seconde solution, se disant qu'Enrique voulait peut-être tout simplement espérer encore un peu, bien que cela soit sans doute inutile. Cela ne servirait qu'à le faire tomber d'un peu plus haut ... Néanmoins, il n'eut pas le courage de lui dire non. Et puis voir sa ville, même invisible, cela lui fairait plaisir, il en était persuadé. Il suivit donc Enrique jusque sur le toit de la maison sur lequel il s'était posé, et il lui demanda :

-Je veux bien mais tu veux voir quoi ? Le plus beau monument ici c'est le stade vélodrome.

Et oui, Tom trouvait que c'était le plus bel endroit de cette ville. Bien sûr, il avait ses petits coins qu'il aimait encore plus, mais ils n'auraient sans doute pas d'intérêt aux yeux d'Enrique, et de toute façon il ne voulait pas lui montrer des choses qu'il jugeait aussi intimes pour lui. Et puis pour un autre passioné de foot, quoi de mieux que le stade à l'ambiance la plus surchauffée de France ?