/ Gabe en vadrouille en bas de la Tour/ [Pv Lola Heinberg]

Je m'étais levé ce matin totalement désorienté. Cet endroit ne m'effrayait pas, c'était déjà un bon point. Mais il n'y avait pratiquement personne pour me renseigner. C'est donc après avoir exploré ma salle de bain, pris une douche et m'être changé que je suis parti à la découverte du vaste monde, tout seul comme un grand. En général, les lieux nouveaux je ne suis pas supposés les découvrir seul. C'était une grande première. J'avais tout bonnement utiliser la bonne vieille méthode: choisir un côté à la sortie de ma chambre (j'avais pris gauche) et longer le mur jusqu'à rencontrer un obstacle. C'était particulièrement stupide dans ce cas. J'avais l'impression d'avoir marché des heures sans rien percuter. Et j'étais pratiquement collé au mur donc je ne pouvais pas avoir manqué quoi que ce soit. Vraiment étrange. Ah, enfin quelque chose. Mais ce n'était pas très concluant: des marches. Des marches d'escaliers, c'est réellement le pire obstacle face auquel se trouver, car on ne s'aperçoit de leurs présence qu'une fois qu'on se heurte brutalement les tibias sur le tranchant. Enfin c'est une question d'habitude. Fatigué, je m'assois maladroitement sur les premières marches, pour me reposer. J'ai encore mal dormi cette nuit. Et le 'voyage' que j'avais effectué n'était pas là pour arranger tout ça. Je me demandais brièvement si on s'était rendu compte de mon absence. C'est à cet instant précis que j'ai entendu des pas, descendant l'escalier. Au son je découvre avec étonnement que l'escalier est en colimaçon et que c'est une jeune fille qui arrive...

Lola s'était lancée dans une exploration de l'école et se trouvait maintenant dans la tour du courant d'air. Elle s'y était immédiatement sentie comme chez elle. Les bourrasques l'avaient soulevée avec force, facilitant un peu plus la tâche déjà aisée qu'était le vol. Finalement, elle avait fini par décider de redescendre pour aller découvrir le reste des pièces qui lui étaient inconnues. C'est en arrivant au milieu des escaliers qu'elle vit un jeune homme assis surla première marche. Il avait l'air un peu perdu, et surtout passablement fatigué. N'ayant rencontré que peu de personne depuis son arrivée, elle fut ravie de voir une autre présence humaine que la sienne et le salua avec un ton enjoué et amical :

-Salut ! Moi c'est Lola. Tu t'appelles comment ?

Je me relevais promptement et me tournais vers l'inconnue, posant par pur reflexe ma main au mur, sur ma gauche. Elle s'était arrêtée quelques marches au dessus de ma position, autrement dit quelques mètres au dessus du bas des escaliers. Sa voix était légère et enjouée lorsqu'elle s'adressa à moi. Elle se prénommait Lola. Ca correspondait tout à fait à sa façon de parler et de marcher, en toute legerté. Je lui souris, comme si souvent.
" Enchanté Lola, moi je m'appelle Gabriel. "
Mon regard est toujours dans le vague, c'est normal, mais j'essaye un minimum de placer mon visage plus ou moins comme si je voyais les gens à qui je m'adressais. En l'occurence, j'hésitais. La plupart du temps, lorsqu'on est pas averti de la couleur de mes yeux, on a tendance à avoir vraiment très peur, j'en ai fait l'expérience à de nombreuses reprises. Et je doutais que quelqu'un ait pris soin de m'annoncer à la jeune fille. Enfin bref. De toutes façons j'enchaîne, curieux de savoir enfin où je me trouve. Mais tout de même embarassé, je garde ma main qui n'est pas au mur dans ma poche.
" Tu viens d'en haut des escaliers? "
Ce n'était probablement pas la meilleure question à poser mais ça semblait tout de même adéquat.

Lola eut un sourire en entendant son prénom. Sa spontanéité l'empêcha de retenir la première remarque qui lui vint à l'esprit.

-Comme l'ange ?

Si c'était le cas, il devait être gentil, songea-t-elle. Néanmoins, sa façon de poser sa main sur le mur et de se retourner aussi subitement la surpris. Elle était peut-être naïve, mais elle n'en était pas moins observatrice, et, avec ce drôle de comportement, elle se demanda si le jeune homme n'était pas un peu sur la défensive.
Quand il le va son visage vers elle, elle ne put s'empêcher de sursauter. Il avait les yeux blancs. Complètement blancs. Etait-il aveugle ? Lola n'était pas le genre de personne à donné beaucoup d'importance à ce genre de chose qu'elle faisait généralement passer pour des détails. Après tout, la vue n'intervient en rien dans la sociabilité d'une personne, et Gabriel semblait très gentil, voyant ou pas. Aussi, elle ne fit aucune remarque à ce sujet, se contentant de descendre quelques marches supplémentaires en répondant :

-Oui. C'est une tour en fait. Et en haut il y a énormément de vent. C'est plus facile pour voler, lui expliqua-t-elle.

Lola n'eu pas peur de moi. Ca c'était gentil, ça faisait plaisir. Elle compara mon prénom à celui de l'ange. La plupart des gens ne font pas le parallèle. C'est dommages parce que c'est pourtant plus ou moins l'origine de mon prénom. Je hochait la tête, toujours en souriant. Cette fille avait une certaine sagacité.
" Oui, exactement, comme l'ange... "
Elle m'appris ensutie que l'escalier menait en haut d'une haute tour. Interessant. Mais ce qu'elle dit ensuite me surpris. Voler? C'était quoi cette histoire? Un hélioport en haut d'une tour? C'était inhabituel. Et puis même un héliport en lui-même, c'est inhabituel. Et puis du vent, ça n'aide pas à voler. C'est même plutôt de contraire, en général. Je fronçais les sourcils. Lola venait d'attiser ma curiosité naturelle.
" Voler? Tu voles régulièrement, toi? "
Elle avait, comme moi, 16 ans environ. Une personne si jeune avec un permis de vol? Étrange, de plus en plus étrange. Décidemment, cet endroit avait quelques chose de spécial que je n'arrivais pas à capter. Inconsciemment, je me suis rapproché d'elle en montant quelques marches, tout comme elle s'était rapprochée de moi en en descendant une volée.

-Tu dois être gentil alors, dit Lola avec un sourire naïf.

Quand il lui demanda si elle volait régulièrement, Lola se rendit soudain compte de quelque chose ... Elle n'avait vu qu'elle avait des ailes que parce qu'elle voyait. S'il était privé de la vue, il y avait peu de chance qu'il se soit rendu compte qu'il avait des ailes. Elle allait pouvoir lui en faire prendre conscience, songea-t-elle, ravie de pouvoir l'aider.

-Attends je vais te montrer, lui dit-elle avec une voix engageante.

Elle s'approcha un peu plus de lui et lui prit délicatement la main. Elle la porta ensuite dans le dos du jeune homme et lui fit tâter ses ailes.

-Tu sens ? Lui demanda-t-elle. Ce sont des ailes. Et tu peux voler avec.

Pour lui montrer, elle les agita, oubliant momentanément qu'il ne pouvait pas la voir. Quand elle s'e souvint, elle cessa instanément de les bouger, se sentant un peu ridicule.

Porter le nom d'un ange ne me rendait pas gentil, même si il se trouvait fortuitement que je n'étais pas méchant. Lola se proposa de me montrer quelque chose. Mais quoi? Je l'entendis s'approcher de moi. Elle me prit la main et un frisson me parcourut à son contact. Ca faisait toujours ça quand on ne me prévenait pas. Elle me fit lever la main et la mettre derrière mon dos. Je me suis d'abord demandé pourquoi puis j'ai compris. J'ai eu un sursaut en découvrant ça. Des ailes. J'avais des ailes dans le dos. Mais c'était quoi cette histoire? Je me rendais compte que je pouvais les bouger. C'était étonnant que je ne me sois pas aperçu de leur présence plus tôt. Je suis très sensible au toucher, si elle font partie de moi, j'aurais du sentir l'air les frôler. C'était bizarre. C'était comme des membres en plus mais en différent. Elles n'avaient pas la sensibilité du reste de mon corps, elles étaient comme...indépendantes. L'idée de porter des ailes me fit finalement sourire. Et Lola qui me comparait à un ange un instant plus tôt!
" Oui, je les sens... Merci! "
Je ne pouvais pas m'empêcher de la remercier. Enfin un indice sur où je me trouvais. J'étias une sorte d'ange, ou bien de fée plutôt, puisque je n'avais pas de plumes sur mes ailes. Et on pouvait voler d'après Lola. Elle agita ses propres ailes. Je sentis l'air qu'elle déplaçait en faisant ça. Mais elle s'arrêta, pensant sans doute que je ne la 'voyais' pas. Je souriais encore et toujours.
" Tu en as, toi aussi. Comment sont-elles? Les ailes. Ont-elles toutes la même forme, la même couleur? "
Lola semblait avoir compris comme une grande que j'étais aveugle. C'était soulageant de ne pas avoir à préciser. Déjà, je savais qu'elle et moi serions en bon terme.

Lola sentit Gabriel sursauter quand elle lui prit la main. Elle aurait sans doute dû le prévenir, il avait dû être surpris de la sentir.

-Elles sont jolies tu sais, lui dit-elle. Tes ailes je veux dire. Elles sont marrons très clairs, un peu beiges en fait.

Lola sourit en regardant Gabriel. Il avait un beau sourire. Heureusement pour lui parce qu'il souriait tout le temps. C'était agréable de voir que des gens n'avaient pas perdu l'usage de leurs lèvres et s'en servaient pour sourire.

-Mes ailes à moi sont plutôt rouges. Elles sont plus petites que les tiennes. Et elles n'ont pas vraiment la même forme. Mais elles servent à voler aussi, alors elles se ressemblent finalement.

L'idée que Gabriel pourrait vouloir s'en servir lui vint à l'esprit et elle lui demanda :

-Tu ne veux pas monter ? Là-haut c'est plus facile de s'en servir.

Lola était le genre de fille optimiste au plus haut point, qui prend tout du bon côté, qui ne saît dire que des choses belles et agréables. Elle ne tarissait pas d'éloges sur les ailes. Elle me dit que les miennes étaient marron clair, presque beige. Les siennes seraient rouges. Moi je ne connais pas les couleurs alors je les associe à des objets, des choses que je connais, qu'on m'a décrites.
" Alors les miennes sont comme l'écorce d'un arbre et les tiennes comme les pétales d'un coquelicot? "
Les formes seraient tout aussi différentes. Les ailes de Lola seraient plus petites que les miennes. Elle fini par dire qu'elles étaient tout de même semblables puisqu'elles servaient toutes les deux à voler. Cette conclusion était logique. Enfantine et rafraichissante aussi. Lola arrivait à s'exprimer par des phrases courtes, simples mais poétiques. En fait elle arrivait à se mettre à ma portée. Je me demandais si elle était comme ça avec tout le monde. Elle me proposa alors de grimper tout là-haut, dans la tour, histoire de voler un peu. L'idée d'aller au sommet me plaisait mais voler sans rien y voir, était-ce possible? J'étais incapable de dire non, de toute façons.
" Avec plaisir, si tu m'accompagnes, bien entendu... "

Lola trouva l'idée d'associer des couleurs à des objets tout à fait charmante et un nouveau sourire naquit sur ses lèvres. Décidément, ce garçon était plein de surprises, et elle devait les avouer plutôt agréables.

-C'est ça, acquiesça-t-elle. En tout cas c'est très beau.

Quand il accepta de monter si elle l'accompagnait, elle sut immédiatement qu'elle irait avec lui. Lui faire découvrir le plaisir et la sensation de voler était une expérience qu'elle sentait déjà agréable. Et puis il lui était sympathique, alors elle n'était pas contre le fait de rester un peu plus longtemps en sa compagnie.

-Bien sûr, je viens si tu veux.

Néamoins, elle se demanda comment il monterait là-haut. Elle pouvait l'aider bien sûr, mais s'il était aveugle depuis longtemps, il devait avoir appris à monter les escaliers sans aide, et il penserait qu'elle le traitait comme un handicapé. Mais s'il ne savait pas les monter seul, il penserait qu'elle se moquait de lui ou qu'elle n'était qu'une sale égoïste de ne pas l'aider. Elle se trouvait devant un drôle de dilemme, que quiconque aurait écarté rapidement, mais son désir de ne pas être vexante la laissait indécise. Finalement, elle choisit de lui demander prudemment :

-Tu veux que je t'aide à monter les escaliers ou ça ira ?

Elle avait accepté de m'accompagner. Ca ne m'étonnait pas, aux vues du petit aperçu de son caractère que j'avais eu. La question qu'elle me posa ensuite me fit sourire, une fois de plus. Elle était prévenante et c'était une grande qualité. Je ne pouvais pas lui en vouloir de s'inquiéter pour moi, certains aveugles sont vraiment très maladroits. Je n'étais pas particulièrement habile mais je pouvais tout de même monter des marches tout seul.
" Je me débrouilles tout seul pour ça, en général, mais si tu tiens vraiment à m'aider tu peux toujours me prévenir d'un obstacle inopiné. "
Ma main toujours au mur, je pourrais sentir lorsque l'escalier tournerait ou bien serait plus abrupt et même quand il s'achèverait. En revanche, si il y avait quelque chose sur un marche, je ne pouvais pas le prévoir, à moi de passer ma main sur chacune des marches, les unes après les autres et ça je n'ai jamais aimé le faire. Être accompagné est donc toujours très pratique dans ma situation.
" Ouvre le chemin, je te suis. "

Lola le regarda et le rassura aussitôt :

-Tu sais je suis déjà monté, et il n'y a rien sur les marches jusqu'en haut ! Par contre c'est long et ça tourne.

Lola le regarda se lever et poser sa main sur le mur, près à monter. Elle fit donc ce qu'il lui avait dit et elle ouvrit le chemin, montant une volée de marches. Elle se retourna tout en grimpant, afin de s'assurer que Gabriel la suivait bel et bien sans encombre. Elle ne remettait pas sa parole en doute, mais elle connaissait la fierté des garçons et les tours qu'elle leur jouait parfois. Voyant qu'il n'avait pas de réelles difficultés, elle fut rassurée et poursuivit son ascension jusqu'en haut. Une fois arrivée, elle s'arrêta et prévint le jeune homme avant d'ouvrir la porte :

-On est arrivé. Je te préviens il y a du vent et ça secoue énormément. Moi je me suis envolée aussitôt, sans rien contrôler. Tu me dis quand j'ouvre d'accord ?

J'avais, sans réellement pouvoir l'expliquer, une totale confiance en Lola. Compte tenu de ma cessité, mieux valait que je me fasses un avis sur les gens rapidement. Elle me prévint que l'escalier tournait, et était haut. C'était bien ce que j'avais compris, au son de ses pas lorsqu'elle était descendue la première fois. Je la suivis jusqu'au sommet de la tour. Les marches, tout comme la pente et la courbure, étaient régulières et je n'avais pas conséquent aucun mal à monter. Je m'arrêtais sur la dernière marche, avec Lola. Elle m'avertit du vent qui reignait là-haut et me demanda de lui dire lorsque je serais prêt à ce qu'elle ouvre la porte.Je souris une fois de plus. J'ignorais si je serais jamais prêt alors autant tenter le tout pour le tout.
" Vas-y, ouvre, on va bien voir ce que ça donne. "
Il m'arrivait quelques fois de jouer avec le verbe 'voir'. Les voyants ne se rendent pas vraiment compte de l'importance qu'il a, du nombre d'expressions dans lesquelles il est inclus. Moi je ne peux pas utiliser les mots comme 'apparemment' ou 'visiblement', les adjectifs de couleurs et de luminosité. En revanche, mon vocabulaire est plus étendu en ce qui concerne les formes, les diverses sensations tactiles, olfactives et bien sûr, auditives.

Lola sourit et fixa la porte un instant. C'était marrant, elle était presque inquiète pour lui. Ce n'était pas à elle de l'être, mais elle apréhendait un peu la scène qui allait venir. Il n'avait jamais volé, ça se trouve il allait se retrouver projeté dans tous les sens ? Et dans ce cas-là, que ferait-elle ? Ce n'était pas avec ses menus muscles qu'elle pouvait espérer le retenir ou même l'aider. D'un autre côté, le maniement de ses nouveaux membres était tellement instinctif, qu'elle ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il en irait de même que lui. Et puis avec ce nom d'ange, n'était-il de toute façon pas destiné à voler ? Cette pensée la fit sourire et elle appuya fermement sur la poignée.
L'air s'engouffra jusque sur le palier de la porte, et Lola se sentit presque immédiatement soulevée dans les airs. Instinctivement, elle attrapa la main de Gabriel pour l'entraîner à sa suite. Une fois dans les airs, elle lâcha :

-Alors ? C'est pas génial ?

Au moment où Lola a poussé la porte, nous avons été projetés en l'air. Elle avait dit vrai, les courants étaient très puissants ici. Par chance mes ailes semblaient savoir quoi faire sans que j'y pense. La jeune fille attrappa ma main, sans doute par reflexe, pour qu'on ne soit pas séparés dans ce tourbillon. Je ne m'y attendais pas mais elle l'avait déjà fait alors ça ne me gêna pas le moins du monde. Au contraire, je lui était plutôt reconnaissant de ne pas m'avoir laissé tout seul dans ce typhon infernal. Une fois que nous avons été stabilisés, elle m'a lâchée. Elle appreciait visiblement le vol, au son de sa voix lorsqu'elle me demanda si je ne toruvais pas cela génial aussi.
" C'est...extraordinaire. "
L'adjectif me semblait tout à fait approprié. En général, je ne suis jamais isolé de tout point de repère. D'ailleurs, ce n'est supposé arrivé à personne. Les voyants, eux, en l'air comme nous l'étions, devaient sans doute avoir des reférentiels visuels. Moi j'étais littérallement au milieu de nulle part. Je distinguais à peu près le haut du bas mais à quelle distance du sol me trouvais-je? C'était à la fois effrayant et étrangement normal.

Lola acquiesça à sa remarque. C'est vrai, c'était extraordinaire. S'il existait un adjectif plus fort que celui-là, Lola l'aurait d'ailleurs attribuer à cette sensation sans hésiter, tant elle se sentait bien.
Un sourire que Gabriel ne pouvait pas voir éclaira son visage. Néanmoins, elle se demanda comment Gabriel pourrait se repérer dans le vide. Après tout, il n'avait aucun repère visuel, et elle doutait que seuls les sons puissent lui être grandement utiles. Soucieuse du fait qu'il puisse être aussi bien qu'elle en ce moment, elle lui demanda :

-Ca va ? T'as pas trop de mal à te repérer ?

Comme je m'en étais rendu compte un peu plus tôt, mes ailes m'emmenaient naturellement où elles devaient, me faisant éviter les obstacles et me conservant la tête en haut. Je supposais, et non à tort, que les voyants devaient un peu plus controler la vitesse, la direction, et tous ces trucs. Moi j'aurais vraiment eu du mal à faire ça alors je ne me plaignais pas de mon reflexe. Lola, gentillement soucieuse de mon sort, m'interrogea justement sur mon repérage.
" Oui, c'est bon, mes ailes semblent voir à ma place et se débrouiller très bien toutes seules. Tu devrais fermer les yeux pour voir l'effet que ça fait... "
Mais pourquoi je lui disais une chose pareille? C'était totalement absurde. Mais sans pouvoir me l'expliquer, je voulais qu'elle sente, comme je le ressentais, simplement les bourrasques la porter et se laisse complètement prendre en charge par ses étranges appendices. Je me rendais compte que ça devait être tout à fait différent, beaucoup moins déroutant, si on voyait les choses autour de soi. En même temps, même sans voler, la vie était déjà très différente pour moi. Peut-être avais-je envie de partager un peu de mon monde avec cette fille...

Fermer les yeux ? Quelle drôle d'idée. D'ailleurs, elle n'enthousiasmait pas vraiment Lola qui appréciait de voir ce qui l'entourait. Mais, pour ne pas praître désagréable, et parce que Gabriel l'invitait ainsi à découvrir un petit peu ce qu'il vivait, elle accepta de le faire avec le sourire.

-D'accord, j'essaie, dit-elle.

Sur ce, elle ferma les yeux, se laissant guider uniquement par son instinct. Les bourrasques enflaient sous elle, la portant fermement alors que ses ailes battaient presque inconsciemment. Elle les sentait s'agiter mais elle ne leur demandait rien. De plus, elles semblaient fermement décidée à ne pas l'abandonner et à lui éviter tous les obstacles. Au début, elle se sentit un peu déroutée puis, peu à peu, elle recouvrit une entière confiance en ses ailes, découvrant avec ravissement qu'elle toujours compter sur elles.

-C'est génial ! Je n'ai même pas besoin de voir, on dirait que mes ailes le font pour moi !

Je ne pouvais pas m'empêcher d'éclater de rire quand Lola me dit ça. On m'a toujours dit que rire franchement était une qualité. Moi je ne voyais pas vraiment comment on pouvait faire autrement alors bon...! Lola comprenait ce que je ressentait. Elle aussi, ses ailes la guidaient. Ces petites ailes couleur pétales de coquelicot. Qu'elle ait accepté de fermer les yeux prouvait à quel point elle était attentionnée et gentille. Les voyants n'aiment en général pas le faire et surtout pas en présence d'un aveugle. Ne me demandez pas pouruqoi, je ne sais pas moi-même, c'est un simple constat.
" Qu'est-ce que je t'avais dit? "
Je ne remettais pas en doute le fait qu'elle m'ait cru, au contraire, je savais qu'elle m'avait cru. Comment aurait-elle pu faire autrement en me voyant me déplacer aussi facilement qu'elle en l'air? Non, c'était simplement très agréable de partager quelque chose avec quelqu'un. Mes amis de Londres me manquaient beaucoup, mais c'était moins lourd à porter en si bonne compagnie... J'avais eu de la chance de tomber sur Lola, qui en quleques minutes passées ensembles m'avait appris que j'avais des ailes, ainsi qu'à m'en servir.

-T'avais raison, avoua Lola. C'est trop bien !

En disant cela, une secousse un peu plus brusque que les précédente la secoua violemment et elle ouvrit instinctivement les yeux pour voir où elle avait atterri. Elle constata que ses ailes l'avaient porté bien au-dessus de la porte d'entrée. Cela ne la dérangeait pas, elle n'était pas sujette au vertige, mais la vue de la distance parcourrue en si peu de temps la fit frissonner de joie. Cette sensation de liberté qu'elle ressentait déjà s'accentua un peu plus, et ses ailes continuèrent de battre naturellement, la portant toujours un peu plus haut.

-Mais ça fait un peu peur quand même ... Enfin, je suis pas très à l'aise.

Elle se mit à se demander comment Gabirle pouvait vivre comme cela. Bien sûr il devait y être habitué, mais elle l'admirait sincèrement. Ne pas voir toutes les merveilles que lui révélaient ses yeux ... Elle ne savait pas trop si elle apprécierait. Être privée de la beauté d'un sourire, du pétillement de joie dans les yeux de quelqu'un qui est heureux, du bleu d'un ciel déserté par les nuages ... Tout cela était tellement beau, et pourtant Gabriel ne semblait pas souffrir de ne les avoir jamais vu. Il devait sans doute trouver des compensations dans ce qu'il entendait où ce qu'il sentait ... C'est vrai, il parait que les aveugles jouissent de sens plus aiguisés que ceux des voyants après tout ...

Évidemment que j'avais raison. Enfin, c'est vrai que j'aurais pu me tromper et qu'elle aurait pu détéster se laisser porter mais mon intuition me trompais rarement. Le vent nous secouait de plus en plus, mais j'avais personnellement confiance ne mes ailes et si Lola avait peur elle pouvait toujours ouvrir les yeux. J'ignorais toujours à quelle distance du sol nous nous trouvions, je ne savais même pas si on montait ou si on descendait, ni même si on avançait ou bien si on restait sur place. Peut-être que dans un environnement moins venteux j'aurais pu capter la différence mais là, non, et peu importait d'ailleurs. Lola m'avoua qu'elle avait un peu peur, qu'elle n'était pas très à l'aise. Dans sa voix je sentais qu'elle avait rouvert les yeux et qu'elle était surprise de l'endroit où nous nous trouvions.
" Tu préfèrerais qu'on revienne au sol? "
C'est sur qu'avec tout ce vent, et surotut sans point de repère, je me languissais de la terre ferme. C'est drôle comme je peux avoir besoin d'être en contact avec elle.D'ailleurs il me semblait que ce besoin c'était accentué depuis mon arrivée ici. Ou peut-être que je me faisais des idées.

Lola sursauta. Si elle avait envie de revenir au sol ? Mais absolument pas ! Elle se sentait dans les airs comme dans un deuxième chez elle. A la différence près qu'il n'y aait pas de mur pour délimiter des pièces, ni de sol, ni de plafond. Mais n'était-ce aps cela qui était génial ? Cette sensation de liberté incroyable ... Néanmoins, la question de Gabriel semblait plus une recherche d'approbation, comme s'il voulait lui-même regagner la Terre ferme. Bien que l'idée n'enchante pas Lola, elle ne voulait pas embêter Gabriel avec des caprices ou quoi que ce soit d'autre. De plus, elle-même s'était sentie remplie d'une petite apréhension en fermant les yeux, alors si lui il ressentait toujours ça, ce ne devait pas être la chose la plus agréable qu'il ait faite.

-Comme tu veux, répondit-elle. Ca risque d'être difficile, on est monté haut et le vent a plus tendance à nous soulever qu'à nous rapprocher du sol, ajouta-t-elle pour le prévenir.

La réponse de Lola m'étonna. Difficile? On était à des mètres du sol grace à des ailes de fée. Comment quelque chose pouvait-il lui paraître difficile? Moi, au contraire, je ne sais pas pourquoi mais j'étais étonnament confiant sur ce point. Nos ailes étaient magiques: ben oui, pour que d'aussi petites choses portent un être humain, il fallait bien de la magie derrière tout ça. Il suffisait donc d'avoir confiance en soi.
" Il suffit sans doute de décider d'aller en bas et nos ailes nous y mènerons d'elles-mêmes, tout comme elles nous ont menés jusqu'ici sans encombre. "
C'était sûr que dit à l'oral, ça paraissait totalement abérant. Mais d'un autre côté, c'était ça ou rien. De plus, si elle pouvait se diriger par sa volonté, moi pas. Si j'étais arrivé jusqu'à ce merveilleux endroit, ce n'était pas pour me voir donner des abilités inappropriée à ma cessité. Enfin sans doute se sentait-elle moins proche de la terre que moi, n'en ayant pas une necessité totale. Parce que moi, dans le ciel, des points de repère tactiles, j'e navait pas trouvé des masses jusqu'à maintenant.
" Alors, on descend ou pas? "

Lola sourit. Ce que disait Gabriel était sans doute vrai, mais sa cessité le poussait à avoir un optimisme un peu démesuré par rapport à ce qui les attendait. Non pas que retourner au sol présente d'énormes difficultés, mais le vent qui les agitait ne leur faciliterait pas la tâche, loin de là. Néanmoins, Lola était confiante. Ses ailes étaient déjà la partie du corps qu'elle préférait, bien qu'elle ne les ait que depuis peu, et elle ne voulait pas mettre leur capacité en doute. Après tout, si elles l'avaient portée jusque ici, elles pouvaient bien la ramener à Terre, même si elle n'en ressentait pas l'envie. Sauf que, visibement, Gabriel aspirait à sentir de nouveau le sol sous ses pieds, et elle ne pouvait que trop bien le comprendre. Voler sans voir était une drôle d'expérience, pas désagréable, mais qu'elle n'aurait pas aimé prolonger. Elle répondit donc :

-Pourquoi pas ?

Sur ces mots, elle songea à redescendre, et ses ailes firent le nécessaire sans qu'elle le leur demande vraiment. En vérité, elle ne les contrôlait pas, ces dernières faisaient le nécessaire sans qu'elle ait besoin de le leur intimer. Décidément, ces drôles de nouveaux membres étaient agréables.

-T'as raison, elles comprennent toutes seules ! S'exclama-t-elle, ravie de le constater.

Ouf, je ne m'étais pas trompé! J'aurais vraiment eu l'air ridicule dans le cas contraire. Et surtout j'ignore comment je serais descendu... Notre longue descente s'entama donc. C'est là que j'ai réalisé à quel point Lola disait vrai quand elle précisait qu'on était 'monté haut'. Autant le vent nous avait littérallement emportés dans les airs, autant ils nous assurait une chute ralentie. Enfin bon, mieux vaut retourner au sol trop lentement que torp vite, c'est certain, mais on se serait cru dans Alice au Pays des Merveilles avec ce terrier dans lequel elle tombe pendant un temps qui lui semble interminable. La différence c'est qu'elle tombe dans un lieu inconnu alors que nous, nous redescendions vers la terre ferme que nous avions quittée.
" On ferait sans doute mieux de penser à la porte parce que si on se pose simplement par terre, on va s'escrimer pour rester au sol...! "
Autant éviter des efforts inutiles, surtout qu'avec leur consistance pour le moins fine, et même en leur état magique, on ne savait pas si nos peties ailes féériques étaient capables de resister à se faire emporter par le vent... D'un autre côté, Lola avait bien du pensé toute seule à la porte!!!

» Lola Heinberg
» Tom & Lola
» Chambre de Lola
» Chambre de Lola
» Riien D'autre Qu'un Bikini [ PV Lola ]